J4 – Le Barbier du Figaro

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A l’occasion du tour e-media, les jeunes journalistes de l’ISCPA ont pu observer de près une rédaction historique du paysage médiatique français, Le Figaro.

C’est au cœur du plus vieux quotidien national français que les apprenants ont pu découvrir une des plus grandes rédactions de France. Le groupe Figaro possède plus de 100 marques à l’image de L’internaute ou Comment ça marche. Ces acquisitions en font donc la plus grosse armada médiatique de France loin devant ses concurrents. Pas moins de 1 500 personnes travaillent dans ces bureaux situés boulevard Haussmann.

Le Mariage de Figaro

Il n’est pas sans rappeler l’aspect historique du Figaro. Son nom venu tout droit du personnage de Beaumarchais, affichait l’intérêt du journal pour la bourgeoisie littéraire qui est la principale cible du lectorat au 19ème siècle. Créé en 1826, il ne tarde pas à se faire un nom et possède son auditoire, notamment grâce à des plumes connus telles que Balzac, Dumas, Baudelaire ou encore les frères Goncourt. Le Figaro plait à la bourgeoisie, mais c’est surtout pendant le Belle Époque que le rayonnement du Figaro se fait ressentir. Essor de la presse, invention des rotatives, produire plus pour moins cher, le Figaro n’est pas le seul journal propulsé en haut de l’échelle médiatique mais son journal est de plus en plus renommé. Mais c’est surtout lors de l’affaire Dreyfus que le Figaro se distingue, en prenant très tôt parti pour le colonel déchu et en clamant son innocence par le biais de grandes plumes comme Zola (3 articles avant J’accuse).

La guerre coupable 

Et puis la guerre, censure, et encore une autre, censure. De nombreuses entorses à la liberté de la presse sont commises. La suite s’avère plus complexe, apparition d’internet, des réseaux sociaux, baisse du lectorat, les journaux papiers doivent muter pour rester dans la course et ne pas sombrer. C’est ce que fait très tôt le Figaro en développant son aspect digital et ses compléments (Madame Figaro, Figaro Vox, Figaro Histoire, Figaro Littérature). Néanmoins la défiance du peuple envers les médias se ressent au fur et à mesure du temps. Le lectorat fuit la presse écrite pour se réfugier vers les nouvelles sources d’informations que sont la télé et les réseaux sociaux, depuis le début des années 2000 le Figaro perd du lectorat mais peut compter sur une stratégie de croissance cohérente.

C’est donc dans ce lieu que l’on a pu interviewer Julien Breuilh, Directeur des études & Éditeur Adjoint, nous lui avons posé quelques questions.

 Comment se passe votre journée TYPE ?

C’est toujours surprenant de répondre cela mais je n’ai pas de journée de type. Cela tient autant à la diversité des demandes qu’à la diversité des missions dont j’ai la charge avec l’ensemble de l’équipe, composée de 12 personnes. Le seul point commun est donc naturellement le management et le suivi de projets qui peuvent être aussi bien sur une nouvelle étude à produire, qu’un nouveau partenariat à initier. 

Comment arrivez-vous à survivre au vu de la diminution du lectorat papier ?

Contrairement à ce que l’on peut penser, notre audience « Papier » ne baisse pas. En revanche, notre diffusion a tendance à s’effriter et ce en partie lié à la difficulté de distribution de la presse. Néanmoins toutes les actions que nous avons menées sur le portage mais également avec le développement des versions numériques nous permet de retrouver désormais un peu de croissance. En 2018-2019, le quotidien a ainsi été distribué à 313 835 exemples en hausse de 1.5% par rapport à la même période l’année précédente. Côté audience 1 943 000 lecteurs déclaraient lire le quotidien chaque jour et près de 10 millions déclaraient consulter un titre de la marque Figaro sur le print dans un délai de 30 jours. Nous pouvons néanmoins préciser que sur dernières années la croissance de notre audience s’est davantage faite sur le digital (via le mobile notamment) que sur le print.

Cette perte du lectorat est-elle sauvée par le visionnage en ligne ?

Le Figaro est certes un journal mais c’est surtout une marque média. Notre marque n’a jamais été aussi puissante puisque 24 millions de français déclarent consulter le Figaro quel que soit le titre ou le canal (print / Web / mobile). Nous sommes donc confrontés à un paradoxe : d’un côté une audience record qui ne cesse de croitre liée à la qualité de nos contenus et services et de l’autre côté un CA qui se stabilise car les GAFA captent une grande partie de la valeur sur le digital.

Craignez-vous la digitalisation totale de la presse ?

Le rôle d’un media est d’informer quel que soit le canal.
La digitalisation est un fait et nous adaptons notre distribution avec pour objectif d’être présent sur tous les écrans en répondant à un nouvel usage ou une nouvelle façon de consommer l’information. Évidemment, la manière de traiter l’actualité ne sera pas la même car l’écriture est plus longue sur le papier et plus rythmée sur le digital. Il y a néanmoins un socle commun :  la marque Figaro doit avoir un contrat de lecture et de confiance avec ses lecteurs et ses internautes. Un bon exemple de notre mix print/digital : le développement extrêmement puissant de nos abonnements numériques : Pour rappel, fin 2018, le Figaro a franchi la barre des 100 000 abonnés numériques. Ces abonnements permettent notamment d’avoir accès à la version digitale du Quotidien la veille de parution à partir de 22H.

Nous remercions évidemment Julien Breuilh mais surtout toute la famille du Figaro pour nous avoir fait découvrir ces lieux emblématiques du journalisme. Et un petit plus pour notre participation à la conférence de rédaction qui fut un moment impressionnant pour nous, jeunes étudiants en journalisme.

 

 

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