Entre rédaction et terrain, le sens du métier de journaliste selon Léa Masseguin

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Léa Masseguin, journaliste au service international de Libération

Journaliste au service international de Libération, Léa Masseguin partage son travail entre la rédaction et des reportages à l’étranger. Le terrain reste ce qui donne sens à son métier, malgré ses contraintes.

Formée à l’ISCPA, Léa Masseguin a commencé en presse quotidienne régionale avant de se tourner vers l’international. Un mémoire sur le conflit syrien et un stage au Liban ont confirmé son intérêt pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Après un master à Sciences Po Grenoble, elle effectue des stages au Monde et à Jeune Afrique avant de rejoindre Libération au service international.

Internet, un outil à la fois précieux et piégeux

Au quotidien, une part de son travail se joue à distance. Les réseaux sociaux deviennent alors une porte d’entrée vers des témoins ou des pistes d’enquête. Certains envoient spontanément des documents pour appuyer leurs propos. Mais la journaliste sait qu’un seul témoignage ne suffit jamais. Elle souligne qu’on peut vite perdre du temps sur de fausses pistes. Chaque élément doit être confronté à d’autres sources.

Lorsqu’elle part en reportage, trois ou quatre fois par an, en Afrique du Nord, en Ukraine ou au Bénin, Léa Masseguin s’appuie sur des fixeurs. Ces relais locaux connaissent le terrain, orientent vers les bons interlocuteurs et sécurisent le travail d’enquête. Mais le principe reste le même : vérifier, croiser, obtenir une autre version. “Impossible de publier un papier à charge”, rappelle-t-elle, c’est-à-dire ne pas tomber dans la rédaction d’un article qui adopte un ton fortement critique envers une personne.

Équilibre entre professionnalisme et émotion

Cette exigence ne signifie pas une écriture froide. Une fois les faits établis, la journaliste revendique le droit de transmettre l’émotion du terrain. Un article fact-checké peut et doit rester vivant. L’émotion, selon elle, rend le récit plus fort. C’est là tout l’équilibre de son travail : allier précision et humanité, pour raconter l’actualité mondiale avec justesse.

“ Il ne faut pas s’auto-censurer, mais prendre en compte les différents risques quand on part en reportage “

Le métier, toutefois, ne se pratique pas sans contraintes. La pression croissante sur les journalistes, la méfiance des individus envers eux et certains gouvernements devenant de plus en plus autoritaires compliquent les enquêtes. « Il ne faut pas s’auto-censurer, mais prendre en compte les différents risques quand on part en reportage », souligne-t-elle. Le but n’est pas de ne pas traiter un sujet à cause des difficultés, mais d’évaluer les risques sur le terrain, et d’adapter ses écrits.

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